Archéologie expérimentale, Construction d’une Pirogue du 30 août au 4 septembre 2016, 2ème Partie

Archéologie expérimentale, Construction d’une Pirogue

du 30 août au 4 septembre 2016,

2ème Partie

 

Lewis et Clark, le Corps de la Découverte…

Reconstitution historique début 19ème en bord de Loire…

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Ce projet de construction, tel que nous l’avions imaginé, reposait essentiellement sur la motivation de notre groupe à réussir une entreprise commune dans un contexte de reconstitution historique précis, celui d’une expédition qui se déroula en Amérique du Nord de mai 1804 à septembre 1806 : la 1ère traversée du continent nord américain par Lewis et Clark, le Corps de la Découverte.

Cette expédition phénoménale, considérée comme le mythe fondateur des États-Unis, nous montre à quel point ces hommes armés d’un courage fou, bravant toutes les souffrances et les dangers, ont réussi cet exploit incroyable : celui de traverser le continent américain d’est en ouest, à bord de diverses embarcations mais aussi à pied et à cheval… 11 000 kilomètres aller et retour !!

Le 30 août 2016 notre groupe, composé de 10 personnes, fut rassemblé en bord de Loire tout près du bourg de Bréhémont (Indre-et-Loire) pour installer le camp historique. Ce lieu, chargé d’histoire des Vikings à nos jours, correspondait parfaitement à notre souhait, un cadre sauvage et sans repère contemporain proche.

Pour réussir une parfaite immersion, les reconstituteurs ont incarné les personnages de l’expédition avec les détails précis les caractérisant : Meriwether Lewis et son chien Terre-Neuve portant son esponton, William Clark inséparable de ses instruments d’observation, Sacajawea portant son enfant Jean-Baptiste, Georges Drouillard le chasseur, meilleur fusil de l’expédition et son terrible couteau scalpeur, le Sergent Patrick Gass charpentier grand maître dans l’art de manier ses outils tranchants et Pierre Cruzatte toujours accompagné de son violon !

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La réunion des compétences de chacun dans ce projet commun fut une parfaite réussite pour preuve, quand Sacajawea et Drouillard étaient occupés à préparer la viande de daguet (jeune cerf) pour confectionner de délicieux repas, les autres, besogneux, sous la conduite de Patrick Gass, s’acharnaient à creuser et façonner la pirogue dans un tronc de peuplier de 7 mètres et 70 centimètres de diamètre !!

L’objectif était de faire aussi bien que le Corps de la Découverte… ne pas dépasser les 4 jours de travail.

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Finalement, il nous aura fallu 30 heures de travail sur 3 jours à 6 ouvriers sans l’abattage pour réaliser notre rêve ! (pirogue et pagaies).

Du 11 au 14 juillet 1805 sur le Camp de la Pirogue en Peuplier (Cotton Wood Canoe Camp), le Corps de la Découverte a construit 2 embarcations de 8 et 11 mètres à une vingtaine d’ouvriers, abattage compris.

Dimensions de la pirogue prête à naviguer…

Longueur hors tout : 6,75 m ; Largeur hors tout : 0,66 m ; Largeur intérieure : 0,55 m ; Creux : 0,30 m ; Plat du fond extérieur 0,30 m de large sur 0,11 m d’épaisseur.

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Des essais sur l’eau enthousiasmants…

Que se soit à la perche ou à la pagaie, cette pirogue, pesant à vide entre 350 et 400 kilogrammes, nous a tout d’abord surpris par sa vitesse. Remonter le courant pourtant fort à cet endroit n’a pas été un problème. Sa bonne stabilité, due au plat façonné du fond, nous a également étonnés. Quant à la flottabilité, nous avons observé qu’il est facile de naviguer à 4 équipiers sans chargement, mais pas au-delà. En situation de voyage, cette pirogue serait parfaite à 3 pagayeurs, bagages compris.

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Réflexion sur la technique et les outils utilisés…

Patrick Gass fut vraiment fidèle à sa réputation. Ce maître-charpentier hors pair nous a encore « bluffés » dans l’art d’utiliser les outils tranchants. Aucune situation compliquée ne lui a résisté et c’est bien sûr grâce à ses conseils avisés que nous avons plutôt bien réussi notre mission.

Nous avons utilisé l’ensemble du matériel déplacé sur le site, au total plus d’une vingtaine d’outils tranchants, haches à trancher, haches à fendre, herminettes plate et creuse, doloires et planes. Les outils tels que les écorçoirs, la tarière et les coins aciers ont été également très utiles. En conclusion, si nous devions nous lancer dans une autre construction de ce type, il serait indispensable d’ajouter 2 herminettes creuses, outil d’une grande efficacité.

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Le camp reconstitué début 19ème

Même si nous n’étions que 8 reconstituteurs à vivre sur ce camp, nous avons souhaité reconstituer l’habitat prévu pour accueillir l’ensemble du Corps de la Découverte venu de White Bear Island au soir du 13 juillet 1805, au total 33 membres.

Notre camp se composait de 2 wedge tents (tentes à porte triangulaire), une grande et une plus petite réservée aux 2 capitaines, ainsi que 2 shelters (abris). Le plus vaste des abris était fait d’une grand voile de 30 m², référence au récit de Lewis du 7 juillet 1805.

Comment reconnaître, dans notre reconstitution, les membres du Corps de la Découverte…

Meriwether Lewis : Chapeau haut de forme, gilet bordeaux, veste et pantalon frangés en cerf.

William Clark : Bandana marron foncé, gilet vert, veste et mitasses frangées en cerf.

Patrick Gass : Tuque bleue et rouge de l’armée US, pantalon à pont gris, chemise bleue délavée, guêtres en lin noir de l’armée US.

John Colter : Bandana gris-bleu, culotte à pont moutarde, chemise grise rayée.

François Labiche : Chapeau de feutre marron foncé, pantalon à pont moutarde, chemise à jabot en calicot.

Pierre Cruzatte : Chapeau de feutre beige à plume, culotte à pont verte, chemise marron foncé.

Georges Drouillard : Chapeau de feutre noir, brayet, mitasses et veste frangée en cerf.

Toussaint Charbonneau : Bandana marron, brayet en laine bleue, mitasses en cerf, chemise à jabot en calicot bleu.

Jean-Baptiste Charbonneau : dans son porte-bébé.

Sacajawea : Bandana en calicot bordeaux, robe et mitasses frangées en cerf.

Seaman : Chien Terre-Neuve… robe noire !

Toussaint CHARBONNEAU.

Retrouvez l’intégralité du reportage photo ici

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